Vous trépignez d’impatience à l’idée de prendre vos fonctions au sein de la société Valaisansdoitbetter SA, soit le leader de marché de la vente de fromage AOP. Votre premier jour d’activité est rythmé par la présentation des collaborateurs, une visite des locaux et une dégustation des meilleurs fromages d’alpage.
C’est alors que vous recevez un message texte d’un ami qui vous félicite et vous encourage pour ce nouveau challenge. Ravi de cette marque de sollicitude, vous tiquez lorsque vous prenez connaissance de la fin du message : « franchement quand on occupe un poste à responsabilité tel que le tien, on peut porter une cravate et aller chez le coiffeur ». Après l’avoir interrogé sur le motif de cette remarque peu amène, vous apprenez que votre nouvel employeur a annoncé votre arrivée en grandes pompes, en publiant un communiqué de presse sur le site internet. La photo choisie ne vous valorise guère.
Vous appelez immédiatement votre ami Jo qui est un ancien magistrat retraité et lui demandez si votre employeur peut agir de la sorte et, dans la négative, quels sont vos droits. Jo vous conseille, dans un premier temps, d’interpeller votre employeur et de lui demander quel est le but de la publication de cette photo sur Internet. La réponse qui vous est formulée est d’une simplicité désarmante : vous êtes l’ambassadeur de cette entreprise qui est aussi un peu la vôtre.
Cela ne vous satisfait pas.
Après quelques recherches votre ami Jo est susceptible de vous orienter de manière plus précise. Si l’employeur ne vous pas informé à l’avance que cette photo serait utilisée sur le site, vous pouvez solliciter qu’elle soit retirée. De manière générale, en l’absence de base légale, la publication de photos de collaborateurs ne peut pas se faire sans leur accord et ce même si l’employeur dispose déjà de telles photos pour d’autres motifs. Le but initial n’est en effet pas identique.
Il est tout à fait possible pour le collaborateur d’adhérer a posteriori à cette publication s’il estime que l’employeur a fait un usage pertinent de cette photographie.
En cas d’absence de consentement, l’employeur doit immédiatement la retirer. S’il persiste, nonobstant le désaccord de son collaborateur ou de sa collaboratrice, à publier cette image il prend le risque d’une sanction pour violation du droit à l’image.
Reste donc à savoir si vous souhaitez investir un peu d’argent pour cravate et coiffeur et voir votre trombinoscope agrémenter le site internet de votre entreprise.
Cet article a été publié dans le Nouvelliste du 8 juin 2018