Cela fait trois fois. Trois fois que vos employés nouent des relations intimes sur leur lieu de travail et que vous en subissez les conséquences économiques. De mamours en messages, la productivité diminue inlassablement, tant et si bien que vous envisagez des mesures radicales. Fini les romances à l’eau de rose ! Terminé les interactions moléculaires ! Vous allez réagir et frapper fort. Le Règlement du personnel va désormais mentionner expressément que les relations doivent se limiter au strict cadre professionnel. Et Marcel votre fidèle Géo Trouvetou va vous concocter un outil de surveillance des romances naissantes digne de la NSA !
C’est alors que vous croisez Jacques-Henry qui a consacré une partie de sa carrière professionnelle à siéger au sein du Tribunal du travail. Celui-ci, horrifié par vos méthodes totalitaires vous met en garde : attention mon ami, tout cela va mal finir, très mal finir. Et il vous conseille de consulter un juriste au plus vite.
Interdire à vos collaborateurs de nouer des relations extra-professionnelles en intégrant une clause formelle dans votre règlement du personnel est illicite.
Il est en revanche possible dans le but notamment d’éviter les conflits d’intérêts d’exiger qu’une telle relation soit annoncée. Cela est particulièrement le cas dans des domaines sensibles où le secret joue un rôle central (banques, assurances, etc.), respectivement dans des entreprises ou des administrations où les collaborateurs traites des données confidentielles à haut risque. Il s’agit toutefois de l’exception, la règle étant que l’examen des conséquences doit être opéré au cas par cas, ce qui signifie concrètement qu’une réglementation est inutile.
En outre, surveiller de tels comportements à l’insu des collaborateurs concernés violerait le principe de la transparence et il n’y a pas de justification à collecter ce genre d’information.
Il n’en demeure pas moins que pour l’employé cette situation pourrait s’avérer complexe. Mieux vaut donc privilégier le dialogue et proposer des mesures permettant de préserver les intérêts de chaque partie. En effet…
Le vaudeville est un luxe que la vie professionnelle se refusera toujours à payer,
Loïck Roche.