Le 14 mars 2018 aura lieu à Rabat, au Maroc, une conférence internationale organisée sous l’égide du Centre pour le contrôle démocratique des forces armées (DCAF) et de la Commission Nationale de contrôle de la protection des Données à caractère Personnel du Maroc (CNDP).
Cette conférence aura pour objectif de sensibiliser le personnel du secteur de la sécurité marocain à la lutte contre la cybercriminalité et plus particulièrement la cyber-pédopornographie, ainsi qu’au nécessaire renforcement de la protection des données à caractère personnel, constitutif du droit à la vie privée notamment.
Le développement d’Internet et son corollaire l’essor fulgurant des réseaux sociaux, autres plateformes numériques et objets connectés ont profondément modifié le rapport des citoyens à leur environnement, leurs pairs, au temps et au danger. La population mondiale et plus particulièrement la jeunesse sont très connectées, y compris au Maroc où le taux de pénétration de l’internet atteignait 58.3% en 20161 et celui de Facebook 29 % en 20172. D’après une étude réalisée par Chatham House et Innocenti en 2015, un tiers des utilisateurs d’internet dans le monde sont des mineurs3. Le passage progressif à l’ère du tout numérique façonne les comportements de chacun, notamment des jeunes, et s’accompagne ainsi d’opportunités, mais également de défis importants. Si le caractère ludique et la facilité d’utilisation des nouvelles technologies et des applications séduisent le plus grand nombre d’usagers, force est de rappeler que les risques y afférents sont nombreux. Qu’il s’informe, s’exprime, se divertisse, ou échange des contenus, chaque utilisateur laisse une trace de son passage, autrement dit un ensemble de données personnelles (caractéristiques physiques, intérêts/goûts particuliers, orientations notamment politiques, éléments intimes), dont la cybercriminalité se nourrit. Face à la l’évolution exponentielle de ce phénomène protéiforme, lequel englobe l’ensemble des infractions susceptibles d’être commises ou facilitées par l’utilisation d’un système informatique, généralement connecté à un réseau, les mineurs sont particulièrement vulnérables. Ils se dévoilent et s’exposent sans nécessairement prendre toute la mesure des risques qu’ils encourent. Et pourtant, les dangers parfois jugés virtuels sont bien réels : cyberharcèlement, embrigadement, contacts indésirables, contenus illicites (pédophilies, racistes) ou choquants (pornographiques, violents) sont autant de menaces qui planent sur les jeunes utilisateurs et peuvent gravement nuire à leur développement.
L’un des défis majeurs que les autorités doivent relever est celui de la protection des mineurs en ligne, lequel représente un enjeu de sécurité publique. Aussi est-il crucial pour les forces de sécurité et l’ensemble des autres acteurs impliqués de comprendre la nature et l’ampleur de ce phénomène pour mieux y répondre. Renforcer la protection des données à caractère personnel, notamment celles des mineurs, concourt au renforcement de l’État de droit, à la protection de la vie privée, et à la bonne gouvernance du secteur de la sécurité.
Il s’agira donc lors de cette conférence de présenter le phénomène et son ampleur, de faire un tour d’horizon des meilleures législations en vigueur/bonnes pratiques en la matière, des techniques d’enquête des forces de sécurité, des types de coopération efficaces sur la scène internationale et des initiatives de la société civile.
Sébastien Fanti s’exprimera durant la séance consacrée à la définition de la cybercriminalité, des risques en ligne pour les mineurs et présentera sa vision du cadre juridique souhaitable à l’échelon international et interne. Il illustrera son propos en présentant les résultats obtenus notamment dans la lutte contre la sextorsion et dans le cadre des formations dispensées, en cette matière, aux mineurs.
Voici le programme complet de la conférence.