Du déni à la colère, puis à l’acceptation : les étapes par lesquelles passent les victimes d’escroqueries en ligne ressemblent souvent, à s’y méprendre, aux cinq phases du deuil.
Ne rien faire, c’est accepter que d’autres se fassent gruger…
Trop souvent, elles hésitent à agir, lorsqu’elles se rendent compte qu’elles ont été spoliées, car elles éprouvent de la honte ou considèrent qu’il est déjà trop tard pour récupérer leur argent. Les policiers en charge des dossiers ignorent parfois également ce qu’il convient de faire, précisément lorsque ces escroqueries concernent plusieurs pays, en cas notamment de transactions financières transfrontalières.
Agir en bonne intelligence !
Interpol (soit l’organisation internationale de police criminelle) a toutefois constaté que même lorsque l’argent d’une victime a été transféré depuis son compte, il reste parfois possible d’intercepter les fonds. En fait, il existe des systèmes permettant de rappeler les transactions frauduleuses. La victime devrait ainsi toujours commencer par contacter sa banque téléphoniquement (cette requête doit ensuite être confirmée par écrit), l’informer du caractère frauduleux de la transaction et insister pour qu’elle adresse immédiatement une demande de rappel à la banque bénéficiaire à l’étranger, via le système de communication interbancaire spécialisé. Il s’agit d’une procédure simple et rapide.
Selon Interpol, lorsqu’elle reçoit une demande de rappel, la banque ayant émis le transfert frauduleux envoie à la banque bénéficiaire un message sollicitant l’annulation du paiement et empruntant le même chemin que l’argent de la victime. Tant que les fonds n’ont pas été retirés de la banque bénéficiaire par les escrocs, il existe une chance qu’ils puissent être bloqués, respectivement restitués. Si la victime est en mesure d’identifier elle-même la banque bénéficiaire, elle doit prendre contact directement avec cette dernière et lui exposer la situation.
Porter plainte permet de prévenir et d’adapter les techniques de lutte contre la cybercriminalité
Une fois ces démarches accomplies, il faut porter plainte soit auprès de la police, soit en écrivant au Ministère public. À défaut, la police ne peut connaître les stratégies évolutives des aigrefins, les statistiques sont peu indicatives et en définitive, la prévention est moins efficiente. Il n’y a aucune honte à se faire gruger par des forbans et il est tout à son honneur de tenter d’empêcher la réitération de tels actes criminels.
Notre conseil :
L’Office fédéral de la statistique a récemment publié les chiffres de la criminalité numérique, respectivement ceux des modes opératoires et des personnes lésées. Les voici en mode résumé :
Vous constaterez,à leur lecture, que plus de 90 infractions numériques sont commises chaque jour en Suisse !
Ces statistiques étant fondées sur les plaintes formellement déposées, il est évidemment à craindre que l’ampleur de ce phénomène soit bien supérieure. Pour reprendre les termes utilisés par la Commandante Monica Bonfanti, « ces chiffres sont à prendre avec des pincettes, puisqu’il ne s’agit vraisemblablement que de la partie émergée de l’iceberg. Nous savons que notre vision de la volumétrie réelle est incomplète, puisqu’elle se base sur les cas rapportés à la Police. ».
Si vous souhaitez être informé (e) en temps réel des techniques des aigrefins et de leurs activités illicites, il vous suffit de vous rendre sur le site du Centre national pour la cybersécurité (NCSC) à la rubrique intitulée « Actualité« , puis à celle intitulée « Incidents actuels« .
Il est très important d’être informé sur les menaces et d’acquérir des réflexes. Lorsque des signes évidents d’une escroquerie sont identifiables pour un néophyte, les conséquences peuvent s’avérer doublement dramatiques. En sus du dommage subi, le Ministère public peut refuser d’entrer en matière suite à une plainte, excipant de l’absence de dupe. En clair, aucune personne sensée ne se serait laissé duper. Les auteurs ne seront donc pas poursuivis pénalement. Mais il y a plus. Le Tribunal fédéral a déjà condamné un administrateur négligent avec ses courriels (et victime d’une arnaque au président) à rembourser une somme très importante à la société au sein de laquelle il œuvrait. Rien ne permet conséquemment d’exclure que le Tribunal fédéral ne juge, un jour, qu’un salarié négligent ne doive rembourser son employeur…